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Bonjour Marine ! Du Turkménistan à la France, du bâtiment aux travaux publics, de grands projets à de plus petits chantiers… Une telle mobilité est le reflet de ton dynamisme et de ta curiosité. Peux-tu nous en dire plus sur ta carrière ?


Après des études en école d’ingénieur et une spécialité en bâtiment, aménagement et architecture, j’ai démarré ma carrière au Turkménistan en 2011 par un VIE (volontariat international en entreprise) en conduite de travaux corps d’état architecturaux chez Bouygues Bâtiment International, sur la construction du Ministère de l’Economie et des Finances. Un poste d’autant plus intéressant qu’avec l’équipe nous réalisions des ouvrages en construction parasismique. Moi qui étais déterminée à m’orienter vers un secteur très technique, j’étais ravie de voir que ce pan du bâtiment se rapprochait, par certains aspects, du génie civil. C’est justement parce que je recherchais des missions plus techniques que j’ai changé de poste pour devenir ingénieure travaux en gros œuvre sur le chantier du Palais des Congrès d’Achgabat.

De retour en France en 2014, j’ai intégré Bouygues Travaux Publics Région Parisienne. Cette mobilité m’a beaucoup apporté. J’ai pu contribuer à des projets de petite et moyenne tailles, me permettant d’avoir une grande autonomie étant positionnée comme responsable de chantier. Cela m’a permis de piloter des projets à taille humaine dans leur globalité. En 2018, à l’inverse, j’ai rejoint le grand projet T2A de la ligne 15 Sud du Grand Paris Express en tant que responsable génie civil, d’abord de la gare de Créteil L’Echât puis de celle de Vert de Maisons.

En 2021, j’ai demandé à changer d’affectation, cette fois-ci pour me rapprocher de mon domicile et être plus présente auprès de ma fille d’un an.  J’ai saisi l’opportunité de rejoindre le chantier Eole Porte Maillot en tant que responsable de marché EOLE-INS-MAI « installation et logistique ». Je gère une équipe de 20 à 30 personnes dont 4 conducteurs travaux et 2 chefs de chantier.
 

Tu as toujours cultivé ton intérêt pour les sujets scientifiques et concrets. A travers ton métier, tu peux justement voir les projets évoluer au jour le jour. Quel a été le moteur qui t’a permis d’arriver là où tu en es aujourd’hui et qui te motive au quotidien ?


Il y a tout d’abord un véritable esprit d’équipe sur les chantiers. On vit sur site des moments de partage forts. Cette cohésion est d’autant plus forte quand on surmonte des difficultés ensemble. J’en ai de très beaux souvenirs !

Ensuite, évoluer dans un secteur très technique m’a toujours plu et motivée. Bien sûr, en travaillant sur chantier et dans le milieu des travaux, j’ai dû m’intégrer à un domaine encore très masculin. Mon intégration s’est très bien passée mais les rapports sont parfois frontaux, voire « brut de décoffrage ». L’important est de réussir à garder sa propre personnalité, notamment dans son management. Et justement, plus j’avance dans ma carrière, plus je me rends compte que j’aime manager des équipes et transmettre mes connaissances.

Gérer des équipes s’apprend, c’est évident. Le passage entre savoir faire par soi-même et transmettre son savoir aux autres a été un véritable défi. Il s’agit de laisser les opportunités aux autres d’apprendre par eux-mêmes, de leur donner la bonne dose d’informations sans trop interférer. L’échange et la transmission participant à mon épanouissement, je tiens à être présente et disponible pour mon équipe. Tout le monde évolue grâce au partage de connaissances, et contribuer à faire avancer une équipe et un projet est très gratifiant.
 

Selon toi, pourquoi est-il important que davantage de femmes aient accès au secteur des travaux publics ?


En commençant à l’international, j’ai d’abord compté peu de femmes parmi mes collègues. Les ingénieures sur chantier n’étaient pas nombreuses, encore moins en gros œuvre. Moi qui souhaitais m’orienter vers ce domaine, j’ai insisté pour avoir cette opportunité !

Lors de mon retour en France chez Bouygues Travaux Publics Région Parisienne, j’ai eu la chance de rejoindre une entité qui comptait plusieurs conductrices travaux, avec qui nous partagions régulièrement sur notre travail, nos problématiques, notre évolution…

Au cours de ces 10 ans, j’ai constaté les progrès faits en matière de mixité* dans le groupe. Nous sommes de plus en plus de femmes chez Bouygues Travaux Publics. Sur le chantier Eole, par exemple, nous avons intégré une alternante cheffe de chantier. C’est encore rare ! En fait, si en encadrement, conduite de travaux, technique, le pas est bien franchi, la féminisation au sein des équipes compagnons / maîtrise n’est pas encore très avancée.

Qu’est-ce que la mixité ?
Ici, on parle de la mixité professionnelle de genre. Cela concerne les entreprises qui sont composées de différents genres, par exemple féminins et masculins. Chaque groupe doit être représenté à minimum 30%.

La langue française est riche, il est donc essentiel de ne pas confondre ce terme avec d’autres mots parfois utilisés, à tort, en tant que synonyme. Par exemple, la parité homme-femme désigne une représentation strictement égale de ces deux genres.

L’important, finalement, c’est qu’il n’y ait pas de spécialités masculines ou féminines – surtout dans une société qui tend vers l’égalité entre les femmes et les hommes ! Afin de faire sauter les barrières, l’éducation est primordiale. Dans les lycées, les prépas, les forums étudiants… C’est à nos entreprises de montrer que les métiers du BTP sont également des métiers féminins. Il faut montrer que la mixité est positive, déjà parce qu’elle apporte des idées et des points de vue différents et que c’est avant tout la compétence et la motivation qui priment.
 

Conseil carrière
J’en ai deux ! Le premier est d’être curieux. Dans notre métier, on apprend beaucoup en étant sur le terrain et en échangeant avec les personnes qui ont de l’expérience.
Le deuxième conseil, c’est d’avoir confiance en soi. C’est ce qui permet de franchir les obstacles et de créer ses propres opportunités.
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