Les abeilles, cela faisait très longtemps que Christophe Gervais s’y intéressait. Mais il y a quelques années, ce responsable Data chez Bouygues Construction IT décide de sauter le pas et s’inscrit à une formation dédiée à l’apiculture.
« C’est une activité agricole qui se prête bien au milieu urbain, et sans grand bouleversement. L’apiculture peut s’exercer en ville, pas de déménagement ou de changement de vie radical à l’horizon. On ne parle pas de « tout lâcher pour partir dans le Larzac élever des chèvres » ! » plaisante-t-il. « Mon métier c’est l’informatique, le digital, la data, l'intelligence artificielle… Tout ça est très abstrait ! Il me manquait une dimension « noble », pratiquer une activité concrète, de mes mains ».
Alors en 2013, il se lance et suit une formation d’apiculteur sur son temps personnel pendant toute une saison, un samedi matin sur deux, auprès du SIARP (Syndicat Interdépartemental des Apiculteurs de la Région Parisienne).
La formation, qui rassemble une quarantaine de personnes, est très théorique. « Or, je suis de ceux qui pensent que c’est en faisant que tu apprends ». Heureux concours de circonstances, à la même période, un essaim d’abeilles – ou un « essaimage » comme disent les pros -, s’installe à l’entrée du siège de Bouygues Télécom, son lieu de travail à l’époque.
« Les équipes de sécurité du site m'ont demandé d'intervenir. Le cours auquel je venais d’assister était justement sur ce sujet ». Les services généraux de Bouygues Telecom lui proposent alors d'installer la colonie sur le toit du bâtiment Sequana, à Issy-les-Moulineaux. Pour Christophe, c’est la création de son premier rucher, et l’occasion idéale pour passer de la théorie à la pratique.
On pourrait encore vous donner de nombreux détails, mais on préfère vous encourager à contacter Christophe si vous êtes intéressé, il se fera une joie de partager un café avec vous pour vous raconter tout ça de vive-voix ! Vous pouvez aussi suivre son activité via son compte Instagram.
Et depuis ?
Après le premier rucher chez Bouygues Telecom, transféré par la suite au Technopôle, Christophe ouvre celui du sporting de Saint Quentin-en-Yvelines. Puis un troisième projet est monté avec les équipes de Bouygues Energies & Services, sur le projet de l’Hexagone Balard, le siège du ministère des Armées, réalisé par Bouygues Construction. Enfin, le dernier, toujours avec les équipes des Bouygues Energies & Services, le rucher perché sur le toit de l'atrium de TF1, à Boulogne Billancourt.

Crédits : www.danghuan.net
D’avril à juillet en haute saison, Christophe visite ses ruchers tous les weekends ; le reste du temps, l’activité est plus réduite et il n’y passe alors qu’une fois par mois.
En dix ans, de « simple » récoltant de miel, il est devenu aussi éleveur. « Je recherche l’équilibre : maximiser la population dans la ruche, sans qu’elle ne devienne trop nombreuse ». Pour assurer la sécurité en ville, mieux vaut aussi des abeilles non-agressives et n’ayant pas tendance à essaimer. « Pour cela, il faut sélectionner génétiquement les bonnes colonies et cela prend du temps. Les caractères génétiques recherchés sont la douceur, la productivité et l’absence d’essaimage ». Cette sélection passe aussi par l’élevage de reines qui est son activité favorite. Il envisage aussi de se former à l’insémination artificielle, car oui, cela existe aussi chez les insectes !
« C’est un domaine très complet : on touche au vivant, mais ça ne se résume pas aux abeilles ! L’aspect technologique est présent, une partie des ruches est connectée. » Christophe conçoit et développe une partie de son matériel comme les isolants ou le fondoir à cire à vapeur régulé…

Christophe pratique l'apiculture en famille ; sur la photo, sa fille Mathilde l'accompagne. Crédits : www.danghuan.net
Christophe retrouve aussi ses réflexes de professionnel dans cette activité : exigence de la traçabilité, process industriels, règles de l’art, plan d’action, expérience clients via son site web… « C’est à la fois quelque chose d’artisanal et de très technique, où les gestes s'affinent année après année : quand je suis concentré sur mes abeilles, le temps est comme suspendu. »
Tout lâcher pour se consacrer uniquement à l’apiculture ? Christophe en connaît qui ont franchi le cap, mais ce n’est pas pour lui. « Il faut que cela reste un loisir. Pour en vivre, il me faudrait au moins 800 ruches... et les récoltes sont aléatoires. Elles dépendent beaucoup de la météo, et les mortalités d’abeilles sont importantes à cause du varroa, des pesticides ou du frelon asiatique. C’est aussi très physique ; je suis volontaire pour tester la pratique de l’apiculture à l’aide des exosquelettes de Colas et Bouygues Construction ! »

Crédits : www.danghuan.net
On pourrait encore passer des heures à écouter Christophe nous parler de son sujet de prédilection et nous raconter de nombreuses anecdotes : comment Nicolas Haelewyn, le chef pâtissier de la maison Ladurée a utilisé son miel des toits de Paris pour réaliser une pâtisserie originale ; les nombreux prix qu’il a remporté ; que sa production de Balard est revendue au profit des Bleuets de France (blessés de guerre), et que l'initiative a d'ailleurs reçu le prix développement durable du MINARM remis par Madame Darrieussecq, Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, et chargée de la Mémoire et des Anciens combattants - une convention est d'ailleurs signée cet après-midi même, pour officialiser ce partenariat ; comment cette pratique a changé son regard sur la nature et la biodiversité et comment il sensibilise désormais les étudiants et les plus jeunes à ces enjeux ; ou encore le jour où Bouygues Construction a offert un pot de son miel à la Guêpe, quand, alors ministre des Sports, Laura Flessel est venue inaugurer le nouveau Sporting…
Envie d’en savoir plus ? Rendez-vous sur le site https://www.gervais.org/ et sur instagram !
