L’idée d’une « ville intelligente » serait sortie d’un défi lancé en 2005 par Bill Clinton à John Chambers, président de Cisco. Le fabricant américain d’équipements pour réseaux numériques se disait fasciné par un projet lancé dans la ville sud-coréenne de Songdo : un quartier high-tech, truffé de capteurs qui collectent et traitent des quantités massives de données.
« Oui, mais à quoi bon ? aurait répondu Bill Clinton. Pourquoi ne pas utiliser les outils technologiques pour rendre les villes intelligentes (smart) et plus durables ? » Cisco débloque alors un budget de recherche de 25 millions de dollars pour faire évoluer le projet de la ville de Songdo d’une version 1.0 à une version smart city 2.0 : « Une ville durable, selon sa propre définition, qui combine une infrastructure traditionnelle [des îlots bâtis, des jardins…] avec la technologie, pour enrichir la vie des citoyens ».

« Chaque ville a ses caractéristiques propres, avec des objectifs très différents », souligne Nicolas Monsarrat, directeur exécutif d’Accenture France. Une « smart city », c’est une ville qui utilise le numérique afin de les atteindre : Jeddah, en Arabie Saoudite, pour accueillir les pèlerins de la meilleure manière, ou Neom [« la nouvelle ville du futur »] pour développer le tourisme. Dubaï, pour attirer les talents internationaux et développer leur économie, Helsinki, et plus particulièrement le quartier de Kalasatama, pour faire de la ville un bel endroit à vivre. »

Les initiatives que lancent les smart cities entendent, par exemple, améliorer certains services : la sécurité (via la vidéo protection et la sécurisation des données), le transport (en garantissant une gestion intelligente du trafic, en ouvrant la voie aux véhicules autonomes), l’énergie (grâce à des réseaux électriques intelligents, les smart grids, ou une gestion économe des bâtiments), la connectivité (avec un WiFi public gratuit et la connexion du mobilier urbain), l’accès à distance aux services administratifs (à travers des plateformes d’e-services ou des applications mobiles).

Une nouvelle approche de la smart city – une version 3.0 – a émergé il y a quelques années dans des villes européennes comme Barcelone, Vienne ou Lyon. Conformément à la loi, elles partagent leurs données avec les habitants, tout en favorisant une utilisation participative. Ainsi chaque citoyen devient acteur de « la ville intelligente » soit en produisant de la data via des capteurs, soit en l’utilisant pour proposer des services urbains qui prennent en compte les usages et les besoins. En impliquant ses citoyens, elle corrige un travers, souvent critiqué, qui consiste à considérer chaque problème de la vie urbaine comme un problème technologique.
