Dossier spécial
LES ATOUTS D’UN TERRITOIRE SMART ET RESILIENT FACE A LA CRISE

Dans ce contexte de crise sanitaire, le territoire qui doit assurer la sécurité des citoyens face au développement de l’épidémie doit se montrer smart et résilient. La smart city, dont les services publics seraient déjà en grande partie digitalisés et interconnectés, aurait une longueur d’avance…

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Smart City, une longueur d’avance

L’arrivée du dernier Coronavirus, sur l’ensemble de la planète, a placé les collectivités en première ligne, éprouvant ainsi leur capacité à répondre aux interrogations légitimes des citoyens, à leur apporter réconfort et à assurer leur sécurité face au développement de l’épidémie. Quelle que soit la crise qu’un territoire subit, on attend de lui qu’il soit smart et résilient. C’est-à-dire qu’il sache s’adapter aux événements, réduire les contraintes, limiter les effets néfastes et ainsi, retrouver un fonctionnement normal le plus rapidement possible. Par ailleurs, au cœur de la crise actuelle, les usages des citoyens, des entreprises et des collectivités se sont soudainement et massivement déportés vers les services digitaux. Aussi, une smart city, dont les services publics seraient déjà en grande partie digitalisés et interconnectés, aurait donc une longueur d’avance…

OnDijon, le poste de commandement pendant la crise

Une ville pionnière en matière de territoire connecté

Il y a tout juste un an, la ville de Dijon (Côte d’Or), et ses 23 communes, inauguraient la plateforme 100 % connectée « OnDijon » qui permet de contrôler, en un seul point, l’ensemble des fonctions urbaines de la métropole dijonnaise (260 000 habitants). Ville pionnière en matière de territoire connecté, la métropole avait mis les moyens pour déployer quelques 140 kilomètres de fibre optique afin de connecter les équipements urbains, de l’éclairage public, en passant par les feux rouges, la régulation de la circulation des trams, la gestion du réseau d’eau et la sécurité des citoyens. Une organisation qui montre aujourd’hui, son efficacité en mode urgence sanitaire…

Le PPC, un Poste de Pilotage Connecté, cerveau de la ville intelligente

Le PPC, implanté dans un immeuble anonyme mais bien protégé, sur un site autrefois occupé par une usine… de moutarde, pilote de manière centralisée les grandes fonctions de la cité (police municipale, voirie, transports….).  Il regroupe sur une même plateforme informatique, toutes les données de ces services. Celles aussi des 269 caméras de vidéoprotection et circulation, ou encore de capteurs sur les feux, bornes et autres lampadaires. C’est un espace de 1 200 m2, où des murs d’écrans affichent une multitude d’images : vidéosurveillance, réseau de transports, cartes de l’agglo avec la position des policiers municipaux et des véhicules des services techniques pouvant être mobilisés pour une urgence, etc… On peut y voir l’état de fonctionnement des équipements urbains, la bonne utilisation d’aires de livraisons munies de capteurs ou encore l’avancement d’interventions en cours.

Une gestion centralisée des équipements urbains plus efficace, surtout en période de crise
 « Les différents services de la collectivité ont pris l’habitude de fonctionner ensemble. C’est un atout pour affronter une crise. La communication est plus rapide, la réaction aussi », affirme Christèle Tranchant, directrice d’OnDijon. « Les missions ont vite été adaptées aux nouveaux besoins et le dispositif permet de limiter à l’essentiel les interventions sur le terrain ».
En effet, avec de nombreux équipements connectés, commandés à distance et en temps réel, Dijon Métropole a pu rapidement adapter sa gestion de l’espace urbain à la crise actuelle. Ainsi dès le mois de mars la « smart city » Dijon est passée en mode « urgence sanitaire »: Piloter des feux tricolores pour donner la priorité aux véhicules de secours. Contrôler des bornes électriques d’accès au centre-ville. Déclencher le verrouillage et assurer la télé-surveillance de tous les bâtiments publics vides, en évitant d’avoir des agents sur place. 

«On a pu fermer les bâtiments immédiatement, en désactivant à distance les badges d’accès tout en donnant un accès ponctuel à certaines personnes », explique le maire adjoint de Dijon, Jean-Patrick Masson.
Les caméras de surveillance et autres capteurs placés sur les équipements publics, qui permettent en temps normal de fluidifier le trafic et le stationnement en repérant les usages abusifs des places de livraison ou voies de bus par exemple, sont également mis à contribution. « Cela nous permet de donner aux bus la priorité aux carrefours pour qu’ils ne soient pas retardés. Ainsi les soignants et les personnes mobilisées par la crise perdent le moins de temps possible dans les transports. » explique François Rebsamen, maire de Dijon.

Un numéro vert dédié au Covid-19 ouvert 24h/24 
La métropole de Dijon s’est appuyée également sur son service Allo Mairie pour accompagner ses administrés pendant le confinement. « Cette solution est intégrée à OnDijon, rappelle Philippe Berthaut, directeur général des services de la ville et de la métropole. Nous l’avons transformée en numéro vert accessible 24h/24 pour que les citoyens puissent poser toutes leurs questions liées à la crise, à l’exception du sujet médical. » Le portail téléphonique est ainsi passé d'un service d'information sur les services municipaux (horaires des piscines...) à un numéro de renseignement sur les décisions locales et nationales. Entre le 15 mars et le 13 avril, près de 4 650 appels ont été traités (attestations de sortie, ouverture de commerces et des écoles, fake news, mesures de déconfinement, etc…). La collectivité a notamment pu répondre aux interrogations sur la gestion des déchets et encourager les gens à ne pas tous se rendre à la déchetterie lors de la réouverture pour éviter les engorgements et les regroupements de population.  Ces appels ont permis à 95 personnes isolées et non connues du centre communal d’action sociale, de se signaler.

citations
Denis Hameau
Conseiller délégué ESRI Dijon Métropole, Chargé du projet OnDijon Human Smart Sustainable City
OnDijon a facilité la gestion de la crise. Grâce à la technologie, nous avons fait preuve d'innovation et d'imagination dans nos actions. A la réouverture des marchés, nous avons pu réguler les entrées et sorties, et donner des informations fiables aux habitants en lien avec le CHU.
François Rebsamen
Maire de Dijon et Président de Dijon Métropole
Si cette crise était intervenue il y a 2 ans, nous aurions été obligés de mobiliser beaucoup plus de personnel, et exposer au risque plus de monde. Notre centre de supervision urbaine nous permet d’être très réactifs. A toute question peut être apportée une réponse, et une intervention immédiate peut être déclenchée.
1
centre de supervision de 1200 m²
95
personnes isolées soutenues
1
numéro vert
4 650
appels déjà traités
1
salle de gestion de crise
269
caméras de vidéoprotection
1
poste de commandement de secours
140
Km de fibre optique déployés
Echange avec notre expert Mickael SUCHANEK

Directeur des Services à la Ville chez Bouygues Energies & Services, Mickael SUCHANEK aborde avec nous les atouts d’un Smart Territoire en contexte de crise.

En cas de crise, quels sont les atouts d’un smart territoire ?


J’en citerais 3 principaux :

1- Améliorer la coordination et l’efficacité de l’action publique
Un territoire smart rassemble plusieurs postes de pilotage en un seul PPC (poste de pilotage centralisé). Cette proximité physique des services génère plus de transversalité dans les échanges et les prises de décision. Grâce à une meilleure coordination, synchronisation, anticipation, connaissance du territoire et rapidité de réaction, cet outil permet donc de moderniser et d’améliorer l’efficacité de l’action publique. Or en cas de crise, être plus efficace est d’autant plus important pour s’adapter en temps réel à la situation, réagir aux obstacles mais aussi les anticiper et ainsi éviter ou en réduire les conséquences.

2- Faciliter la communication vers les citoyens et entre les acteurs du territoire

Disposer de la bonne information au bon moment en cas de crise est essentiel. Grâce à cette communication partagée entre les services de la collectivité, qui passe par des outils dédiés et également entre la sphère publique et les citoyens, les acteurs du territoire peuvent délivrer d’une même voix et au même moment, une information unifiée pour des messages plus clairs et structurés. Ainsi, grâce aux outils de type main courantes électronique ou gestion centralisée des interventions, un événement ou une situation est partagée entre tous les acteurs du territoire et les informations à destination des citoyens sont relayées par un centre d’appel unique dont les process sont digitalisés.

3- Adapter les processus aux ressources disponibles
Concevoir un projet de smart territoire implique en amont de repenser les procédures et les processus de coordination entre les fonctions urbaines. Ces processus sont transposés dans un système d’information dédié, qui remonte des alertes, qualifie les situations, propose des actions à engager, permet instantanément de mobiliser les équipes disponibles en fonction de leur localisation. En cas de problème, dans la mesure où je sais qui se déplace, quand et où, je peux réagir très rapidement. A titre d’exemples, il est désormais possible d’envoyer l’équipe de police municipale la plus proche d’un incident, d’optimiser la circulation des services de secours grâce à la gestion des feux tricolores en temps réel, ou encore protéger l’espace public, notamment les sites vitaux du territoire, grâce à la vidéoprotection urbaine intelligente.

Enfin il est important de souligner que les données et faits recueillis aujourd’hui servent non seulement à renseigner la collectivité au fur et à mesure de la crise mais ils seront sans doute indispensables pour la prévention d’une prochaine crise.

Le regroupement des équipes en un seul lieu : risque ou opportunité ?

Une opportunité ! D’abord parce que, comme nous l’avons vu, quand tout le monde est au même endroit, le dialogue entre les services est simplifié et plus fluide. Une force également, parce que l’espace de travail que nous avons conçu est agile, adapté aux situations de crise. On parle beaucoup Système d’Informations quand on aborde les smart territoires, mais trop peu de l’espace de travail des opérateurs des fonctions urbaines.  Nous avons investi sur la qualité de l’espace de travail et elle se révèle être un actif clé en situation de crise sanitaire. En effet, cet espace est pensé pour gérer les crises grâce à trois éléments clés :

1- Un « PC de crise », un espace dédié à la gestion de crise, permettant d’interconnecter tous les acteurs concernés et d’interagir en temps réel avec la Préfecture, la Sécurité Civile et l’ensemble des acteurs du territoire.
2- Des outils informatiques et des télécommunications, sécurisés, redondés en cas de panne, bénéficiant d’accès distants pour opérer certains services en télétravail ; on prévoit aussi un espace « redondant » c’est-à-dire un poste de pilotage de secours capable d’accueillir une seconde équipe disposant des mêmes outils si le premier site doit être décontaminé ou si une quarantaine s’impose par exemple. 

3- Des espaces de travail optimisés qui intègrent les mesures et contraintes nécessaires dans la crise que nous connaissons :
- La possibilité d’assurer la distanciation sociale : l’espace et les postes de travail peuvent être occupé à 30, 50 70% en fonction de ces contraintes. Il est désormais possible d’activer certains services sur place et de mettre les autres en télétravail. On réduit ou on monte en charge sans déstructurer !
- Une conception modulaire sous forme d’alvéoles qu’il est possible d’occuper en fonction des besoins et d’activer ou désactiver en fonction des enjeux d’hygiène ou de sécurité. L’application des gestes barrières est simplifiée, le parcours de chacun dans le bâtiment est optimisé ! 
- Un site unique adapté, où on maîtrise les conditions d’hygiène et de sécurité vers lequel convergent les équipes, au lieu de les disperser dans des sites historiques inadaptés (accès, évacuation…), que ce soit en cas de crise sanitaire, d’émeute ou autre.

Cette crise fait prendre conscience de l’urgence d’aller vers des villes plus durables, plus humaines et plus inclusives. En quoi les smart cities répondent-elles à ces enjeux ?

Quand on parle de ville plus durable on parle d’enjeux écologiques, économiques et sociaux. Ce sont ces mêmes enjeux qu’on retrouve au cœur des projets de villes intelligentes : faire mieux avec les mêmes ressources et donc maîtriser son impact environnemental, faire des économies en mutualisant des outils et infrastructures pour les services urbains, co-construire des solutions pensées par et pour les citoyens… Il y a d’un côté ce que la collectivité met en place dans une démarche de co-construction et de l’autre les initiatives solidaires des citoyens qui trouvent des ressources entre eux sans qu’on ait besoin de les guider, que ce soit des initiatives d’entraide sociale, d’économie circulaire ou encore d’ éco-responsabilité par exemple.

Plus durable, plus humaine, collaborative et inclusive, la smart city est aussi une ville plus résiliente. Avec des modes d’organisation spécifiques (rassemblement en un lieu unique, coordination…) et des outils (bâtiment adapté dans sa conception, outils digitaux pour piloter la ville et partager les informations), la smart city est capable de sortir plus rapidement d’une crise en réduisant ses impacts. Or, les citoyens sont de plus en plus nombreux dans les villes et on peut imaginer que de nouvelles crises sanitaires, économiques et sociales à l’échelle mondiale arriveront de nouveau. Aussi offrir aux citoyens une qualité de vie optimisée grâce à des villes plus intelligentes, adaptatives et efficaces est un enjeu majeur pour l’avenir.

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