« Je veux qu’on me dise comment nous allons mettre fin à l’augmentation des émissions d’ici 2020, et réduire les émissions de façon drastique pour atteindre la valeur nette de zéro émissions d’ici le milieu du siècle ». António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, s’adresse aux dirigeants politiques et économiques réunis les 23 et 24 septembre à New York, autour de la question de la lutte contre le changement climatique. Depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992, la question récurrente n’est plus « pourquoi », mais « comment » enrayer le dérèglement de la grande horloge qui fait la pluie et le beau temps. Un terme s’est imposée lors des multiples conférences consacrées en 2012 au développement durable, pour se substituer à celui de durabilité : la résilience.

Dérivé du latin resilirequi signifie littéralement « sauter en arrière », ce mot a évolué en anglais vers une idée de rebond en avant, adoptant une connotation positive. Il apparaît au XXème siècle dans le vocabulaire français de la mécanique, pour définir les chocs et la déformation que peut subit un matériau sans se rompre. Le terme est popularisé par la psychologie et les essais de Boris Cyrulnik qui l’explique comme « l’art de naviguer dans les torrents ».

« Fluctuat nec mergitur », dit la devise de Paris. « Battue par les flots, elle ne coule pas. C’est la métaphore même de la résilience, confirme Noémie Fompeyrine, en charge du projet résilience à la mairie de Paris. Les individus, communautés, institutions, entreprises ou des systèmes comme une cité sont résilients quand ils survivent, s’adaptent, se transforment, grandissent, quelques soient les stresses chroniques (pollution, chômage, raréfaction des ressources, violence récurrente…) et les chocs (attentat, incendie, tremblement de terre, inondation…) qu’ils expérimentent. Ce processus permet d’être mieux, dans les bons comme dans les mauvais jours, pour le bénéfice de tous. »

Dans la lutte d’une ville ou d’une entreprise contre le changement climatique, le processus vise un maximum d’objectifs : la préservation de l’économie, de la biodiversité, la réduction de l’empreinte carbone, le confort, l’équité et la solidarité des habitants, l’accueil des migrants. « Ainsi la résilience couvre tous les champs du système et s’envisage de façon holistique. »
Des villes, des régions, ont incarné cette résilience. Ce sont Detroit, Loos-en-Gohelle, ou le Sud Alsace. À d’autres, hésitantes, tout aussi fragiles et démunies qu’elles l’ont été, elles montrent la voie de l’action.
