L’impact de l’homme sur la dégradation de la biodiversité ne fait plus de doute. « 75% de la surface terrestre est altérée de manière significative par l’activité humaine. Plus de 85% de zones humides ont disparu. Un million d’espèces sont menacées de destruction. A l’échelle mondiale, des variétés et races locales de plantes et d’animaux domestiqués disparaissent », alerte le dernier rapport de 2019 de l’IPBES, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.

Ce que l’on doit à la biodiversité se résume en trois mots, selon le Millenium Ecosystem Assessment commandé par l’ONU en 2000 : le climat (sa régulation, le stockage de CO2, la fixation des particules atmosphériques, l’infiltration de l’eau dans le sol et sa filtration, la régulation des maladies), l’approvisionnement (en matériaux, nourriture, vêtements), la culture (le divertissement, le plaisir de la beauté, les liens sociaux). Plus la biodiversité décroit, notamment, plus les risques de pandémie augmentent : une étude de l’University College de Londres, publiée le 5 août 2020 dans la revue Nature, révèle que moins il y a d’espèces, moins il y a de chances que la transmission du virus soit bloquée.

Le terme biodiversité « est souvent assimilé à l’ensemble des espèces vivantes », précise Gilles Bœuf en décembre 2013, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France. « Mais elle ne peut en aucun cas être assimilée à de seuls inventaires ou catalogues d’espèces. » C’est « l’ensemble de toutes les relations établies entre les êtres vivants, entre eux et avec leur environnement ».

Il serait irresponsable de construire la ville sans favoriser ces relations, afin de répondre à l’urgence environnementale et écologique, d’autant que la demande sociale, les commandes politiques vont dans ce sens. Reste à définir comment. Comment mieux gérer les espaces de vie pour l’homme et les espèces animales et végétales ? Quel type de cohabitation, quelles interactions susciter pour éviter de réduire la nature à une solution technique pour réparer les nuisances humaines ? Comment faire de la ville un écosystème durable au sein duquel de nouveaux usages peuvent émerger ? Tous les acteurs de l’urbanisme devront répondre à ces attentes, avec les habitants.

De son côté, le gouvernement français mobilisera « plus de 20 milliards d’euros » pour que « d’ici la fin de l’année 2021, tous les territoires soient dotés de contrats de développement écologiques », comprenant « des plans d’action concrets », [comme le développement des pistes cyclables, la lutte contre l’artificialisation des sols, inscrite dans le plan national Biodiversité en juillet 2018], a déclaré le Premier Ministre mi-juillet 2020.
Le militant écologiste Rob Hopkins, initiateur du mouvement international Villes en Transition, n’en doute pas : « nous allons connaître les dix années de transformation écologique les plus remarquables de l’histoire », affirme-t-il dans « Le Monde » du 22 août 2020.
